Le droit d’allaiter
Beaucoup de femmes aimeraient allaiter leur bébé mais on ne leur donne pas le droit de le faire ou le droit de continuer à le faire. En fait, on dit à beaucoup d’entre elles qu’il n’y a aucune différence entre allaiter et nourrir son bébé au lait artificiel, et par conséquent on ne leur donne pas l’information qui leur permet de faire un choix éclairé sur la manière de nourrir leur enfant. Quel femme choisirait de donner du lait artificiel si on lui disait qu’il y a des études indiquant que les mères qui allaitent ont moins de risques de développer certaines maladies graves, dont le cancer du sein, le cancer ovarien et probablement le cancer utérin, et que plus longtemps elle allaite, plus les risques diminuent?
Ça ressemble à une blague : qui empêcherait une mère d’allaiter? Comment pourrait-on l’obliger à arrêter d’allaiter?
La vérité est qu’il semble que les mères n’ont pas le droit d’allaiter, et que les professionnels de santé, les juges et les services de protection de l’enfance leur enlèvent ce droit dès les premiers jours qui suivent la naissance de leur bébé ou les forcent à arrêter même quand l’allaitement est déjà bien mis en place.
Même lorsque tout se passe très bien, on conseille souvent aux mères de donner du lait de vache à leur enfant, selon la croyance qu’il “n’y a plus rien dans le lait maternel après un an”. On leur dit souvent qu’elles doivent arrêter d’allaiter pour cette raison précise, ou bien parce que leur enfant est “trop dépendant”, ou -aussi incroyable que cela puisse paraître- parce que allaiter après un certain âge serait une forme d’abus. Voici les paroles d’un psychiatre français dans le journal Le Soir, le 29 novembre 2003: “le sein ne se partage pas : prolonger l’allaitement au-delà de sept mois est un véritable abus sexuel”. Ce pédopsychiatre a encore une grande influence médiatique concernant la psychiatrie infantile. On croit rêver !
Les femmes qui auraient souhaité allaiter et qui ont fait confiance au système de santé pour les aider à prévenir ou surmonter des problèmes d’allaitement se sentent souvent coupables de ne pas allaiter, avec le sentiment d’avoir “échoué”, ou qu’elles ne “pouvaient pas” allaiter pour des raisons médicales. Elles ne savent pas que c’est en fait le système de santé qui a nui à leur allaitement, et pensent donc que c’est de leur faute, et pas celle des pratiques hospitalières autour de l’accouchement et de la naissance et de la période post-partum qui ont endommagé leur capacité à allaiter. Beaucoup de mères auraient pu éviter de donner du lait artificiel lorsqu’elles avaient initialement choisi d’allaiter si on leur avait donné l’information correcte qu’être malade ou prendre un traitement ne nécessite pas l’arrêt de l’allaitement.
La peur d’affamer son bébé :
On utilise de plus des tactiques pour effrayer la mère quant à la santé de son bébé, ou bien on lui dit qu’elle affame son enfant, de manière à la faire consentir à donner du lait artificiel ou ébranler sa détermination à allaiter. Si les professionnels de santé savaient comment déterminer si un bébé est bien attaché au sein et s’il boit assez de lait au sein même quelques jours après la naissance, alors le professionnel de santé saurait si l’allaitement se passe bien ou pas et serait en mesure d’aider la mère et le bébé. Si l’allaitement ne se passe pas bien, le professionnel de santé serait capable d’aider la mère avant que le bébé ait des problèmes. Un bébé ne reçoit pas nécessairement du lait au sein simplement parce qu’il a le sein dans la bouche et fait des mouvements de succion. En fait, les bébés boivent du lait durant les premiers jours, même lors de la première tétée, comme on le voit lorsque le menton du bébé fait des pauses lorsque sa bouche est grande ouverte. Voir les vidéos ci-dessous.
Vidéo 1. Le bébé boit bien au sein. La pause du menton alors qu’il ouvre grand la bouchemontre que sa bouche se remplit de lait. Plus la pause est longue, plus le bébé reçoit du lait. Ce bébé à trois semaines, le lait coule vite. Mais dans la vidéo suivante, le bébé à dix heuresde vie, et bois quand même du lait.
Vidéo 2. Ce bébé à dix heures de vie. Il est attaché au sein correctement et la mère compresse son sein pour l’aider à obtenir du lait. Les pauses sont courtes parce que les mères n’ont pas beaucoup de lait durant les premiers jours. Mais il boit assez s’il est bien attaché au sein. Parfois la compression du sein peut être utile pour l’aider à boire plus de lait.
Vidéo 3. Ce bébé a seulement 24 heures de vie mais boit déjà très bien au sein, et reçoit plus de lait que la plupart des bébés à cet âge. Comment le sait-on? En voyant la pause que fait le menton quand la bouche est ouverte au maximum.
Dans l’ensemble, les connaissances des médecins en matières d’allaitement sont si pauvres que lorsque le moindre petit problème d’allaitement se présente, la première chose qu’ils diront aux mères sera de donner du lait artificiel, voire de stopper complètement l’allaitement. Les mères sont souvent forcées à donner des compléments ou à arrêter complètement d’allaiter dans le cas où le gain de poids du bébé est trop lent, avec parfois la menace que les services de protection infantile pourraient séparer la mère de son bébé si elle ne se plie pas aux ordres du médecin. C’est affligeant car les médecins qui feraient cela, sans référer la mère à un expert de l’allaitement, n’ont souvent pas la moindre connaissance en gestion des problèmes d’allaitement, n’ont pas la moindre idée de ce qui se passe et de ce qui pourrait être fait pour améliorer la situation, et ne se réfèrent qu’au poids du bébé. Et le poids peut ne pas être une bonne manière d’évaluer si l’allaitement se déroule bien ou pas.
Il est évident d’après notre expérience avec les quelques milliers de femmes qui sont venues à notre clinique d’allaitement durant ces 33 dernières années, que beaucoup pourrait être fait afin d’aider les mères et leur bébé s’il ne prend pas assez de poids. Avec une aide appropriée, la mère pourrait poursuivre l’allaitement exclusif. Cependant, seulement une minorité de femmes reçoivent l’aide dont elles ont besoin car elles ne sont pas redirigées vers une personne compétente, et malheureusement, cette personnes compétente en allaitement n’est généralement pas le pédiatre. Celui-ci devrait avoir les connaissances nécessaires pour aider les mères à allaiter, mais les a rarement.
Parfois la solution est simple. La façon dont le bébé est attaché au sein peut être améliorée afin que la mère n’ait plus de douleurs et que le bébé boive plus de lait, avec cet ajustement de la prise du sein.
Une autre manière d’ajuster ou d’améliorer la mise au sein est de couper le frein de langue trop court. Parfois couper le frein produit une amélioration significative de la quantité de lait bue par le bébé, en particulier quand le frein est sectionné tôt, durant les premiers jours qui suivent la naissance, avant que la production de lait ne baisse. Dans beaucoup de cas, pratiquer la compression du sein suffira à augmenter la quantité de lait bue par le bébé et à éviter la prise de compléments.
Cependant, il est vrai que ce n’est parfois pas aussi simple. Mais même si le bébé a besoin de prendre des compléments, il peut le faire à l’aide d’un dispositif d’aide à la lactation. Ce dispositif permet de préserver l’allaitement, tandis que donner des compléments au biberon, ce qui est le plus couramment recommandé par les professionnels, a souvent pour conséquence un bébé qui refuse le sein.

Photo 1. L’utilisation du dispositif d’aide à la lactation pour donner des compléments à ce bébé qui ne boit pas suffisamment de lait au sein, ainsi que d’autres approches pour aider le bébé à obtenir plus de lait, n’ont pas fonctionné pour cette mère. Mais l’allaitement n’est pas juste une histoire de lait maternel. C’est une relation, un lien fort, intime et physique entre deux personnes qui s’aiment.
Malheureusement la plupart des mères ne reçoivent pas une telle aide. La plupart des fois, elles finissent frustrées et accablées parce qu’elles désiraient allaiter et qu’à cause du manque d’aide de personnes qualifiées ou de conseils médicaux erronés, elles commencent à voir l’allaitement comme étant “insuffisant”, forcément “douloureux”, “potentiellement dangereux”, et enfin, l’importance de l’allaitement comme “exagérée”. Les femmes que l’on empêche d’allaiter alors que c’était ce qu’elles avaient prévu peuvent ressentir de la colère et un traumatisme. Elles peuvent être incapables de voir et d’expérimenter les joies de l’allaitement. Elles peuvent développer toutes sortes de mécanismes d’adaptation, qui font surface lors de discussions sur l’alimentation des bébés. Un de ces mécanismes d’adaptation est de rejeter la faute sur l’allaitement, quand en fait ce n’est pas l’allaitement qui est en cause, mais plutôt celle du système qui les a fait échouer.
Ci-dessous, vous trouverez quelques exemples qui montrent comment le système médical et la société en général enlèvent le droit d’allaiter aux femmes. Ils mettent en avant la manière dont est généralement perçue l’allaitement dans la société, comment le lait artificiel est considéré comme la norme pour nourrir un bébé, et comment l’allaitement est perçu comme étant une bonne chose mais pas indispensable ni nécessaire.
Quelles informations les mères reçoivent elles habituellement?
De nombreux gynécologues obstétriciens et médecins traitants offrent des brochures “informatives” venant de sociétés de lait artificiel, et distribuent souvent des échantillons gratuits de lait artificiel à la femme enceinte, ces “cadeaux” venant souvent emballés dans de jolis petits sacs, avec des bons de réduction pour du lait artificiel. Les “brochures informatives” donnent l’impression que le lait infantile est aussi bon que le lait maternel voir meilleur, et que l’allaitement est nécessairement douloureux et fatiguant. L’allaitement n’est pas obligatoirement douloureux. S’il l’est, c’est que quelque chose ne va pas, mais la plupart des professionnels de santé croient que la douleur fait partie de l’allaitement et conseillent trop souvent aux mères de “souffrir en silence”. Ces brochures disent aux mères que l’allaitement fatigue, qu’il engendre de l’anxiété et de plus, impliquent que le lait en poudre est une étape normale de la nutrition infantile, même si la mère allaite sans problème. Ils disent que l’usage de lait artificiel permet au père de s’impliquer dans l’alimentation du bébé et que parfois “vous avez bien besoin de faire une pause”, ce qui sous-entend bien sûr que l’allaitement est un travail difficile. Cela ne devrait pas être difficile. En fait, les mères pour qui l’allaitement se déroule sans problème diront habituellement que allaiter est relaxant et facile. Quand c’est difficile, c’est à cause de l’aide,ou plutôt de l’absence d’aide que les mères reçoivent et qui heurte leur capacité à allaiter.

Photo 2. La façon typique d’exploiter l’inquiétude des mères sur la quantité de lait que leur bébé boit. Et la solution? Le lait infantile, ou plutôt “notre” lait infantile.bebe ne reçoive pas assez de lait. La solution, évidemment, un biberon.

Photo 3. Évidemment, on aborde les problèmes d’allaitement avec la photo d’un bébé au sein de sa mère dans une position inconfortable et probablement douloureuse.

Photo 4. Donner des compléments de lait artificiel est présenté comme normal, sans problème. “Fuss free”: sans pleurs. Bébé rencontre le biberon, comme c’est mignon! Donner le biberon est perçu comme bon et inévitable.
Les photos ci-dessus venant d’une “brochure d’information” sont révélatrices. Il est évident que ces “cadeaux” nuisent à l’allaitement. Cela est manifestement clair pour le plus désinvolte des lecteurs. Lorsque ces “cadeaux” viennent d’une personne d’autorité comme un médecin traitant ou un obstétricien, cela a un impact important. C’est le cautionnement d’un produit par une personne en qui la femme enceinte assez confiance pour prendre soin d’elle et de son futur bébé.
Mais les médecins et obstétriciens parlent-ils de l’allaitement avec la future maman? À l’exception de quelques uns, la réponse la plus complète qu’ils donneraient à une mère parlant de son projet d’allaiter serait “très bien, l’allaitement est le meilleur”. Et si c’est “cadeaux” viennent d’un médecin traitant ou du pédiatre du bébé après sa naissance, la mère fait confiance à ses personnes pour prendre soin de son bébé.
Les mères de bébés nés prématurément. On leur dit presque universellement (au moins en Amérique du Nord) que leur bébé ne peut commencer à prendre le sein avant qu’il ait 34 semaines de gestation, toujours 6 semaines prématuré. En fait, le bébé aurait pu commencer à prendre le sein bien avant 34 semaines de gestation. En même temps, il est souvent le cas que les médecins et les infirmières insistent que le bébé doit bien prendre un biberon avant de commencer à prendre le sein. Vraiment ? Pourquoi?
D’abord, d’où vient cette idée de « 34 semaines magique » ? Pas des études médicales. Nous savons de l’expérience de plusieurs années en Scandinavie que des bébés prématurés peuvent commencer à prendre le sein à partir de 28 semaines et même plus jeunes. Pas tous, mais au moins quelques-uns. Et nous savons de cette même expérience en Scandinavie que des bébés prématurés peuvent être au sein et être allaités exclusivement à 32 à 33 semaines, 1 à 2 semaines avant que nous commencions même à leur offrir le sein en Amérique du Nord. (Et je veux souligner que les bébés sont au sein, parce que dans la tête de beaucoup, nourrir un bébé avec du lait maternel dans un biberon c’est « allaiter » – Non, ce n’est pas du tout la même chose).
On dit aux mères de bébés nés prématurément, ou de bébés malades, ou de bébés qui ne gagnent pas suffisamment de poids, qu’elles doivent donner des suppléments avec un biberon parce que allaiter fatigue trop le bébé et prend trop de calories. C’est faux. Le bébé ne « travaille » pas pour faire sortir le lait du sein de la mère. Il n’est pas obligé de téter très fort pour faire sortir le lait. Ce n’est pas la façon que l’allaitement fonctionne. Le bébé prend le sein, stimule le sein pour que le sein «transfère» du lait au bébé. Le bébé fait sa part, il ne reçoit pas le lait de façon passive: il stimule le sein pour obtenir le lait. Le bébé ne travaille pas du tout. C’est absurde de dire que téter fatigue le bébé, mais c’est ce que beaucoup de professionnels de santé pensent car peu d’entres eux sont formés en allaitement durant leurs études, et encore moins après leurs études.
Les bébés tètent activement quand le débit de lait est assez rapide, mais auront tendance à s’endormir lorsque le flux de lait diminue considérablement. Lorsque le bébé s’endort au sein, la tétée est généralement stoppée. Le bébé se met alors à pleurer et montre des signes de faim, ce qui peut faire penser à l’observateur que le bébé avait dépensé tellement d’énergie à téter qu’il s’était endormi. Cette situation se produit car on n’enseigne pas aux mères les bases de l’allaitement, y compris comment positionner son bébé au sein et savoir s’il boit suffisamment de lait. Regardez cette vidéo d’un bébé né à 35 semaines de vie, maintenant âgé de 5 semaines. Il est intéressant de lire le texte qui accompagne la vidéo. De plus, il arrive que le bébé ait une préférence pour le flux plus rapide du biberon, problème auquel vient s’ajouter le fait que la production de lait de la mère diminue lorsqu’elle tire son lait au lieu de le donner directement au bébé, en peau à peau.
On dit aux mères de bébés nés prématurément de façon presque systématique que leur lait n’est pas assez bon pour un bébé prématuré, et que le bébé doit prendre des “fortifiants”, appelés “fortifiants de lait maternel”, ce qui donne l’impression que ces “fortifiants” sont fabriqués à partir de lait maternel ce qui n’est pas le cas (bien que certains “fortifiants” aient déjà été fabriqués à partir de lait maternel). Les “fortifiants” sont en fait fabriqués à partir de lait de vache. Oui, les “fortifiants” sont parfois utiles pour que le bébé prenne plus de poids et s’assurer de la prise adéquate de nutriments, mais la façon dont ils sont utilisés implique très fortement que leur usage est de routine! Même les bébés prématurés de seulement quelques semaines recevront des fortifiants dans la plupart des hôpitaux d’Amérique du Nord et d’Europe. Mais la plupart du temps, ils ne sont pas nécessaires. Certains néonatologues/pédiatres disent aux parents que leur enfant a besoin de lait “fortifié” jusqu’à 10 mois. C’est complètement absurde. C’est pourtant une tâche supplémentaire pour la mère puisque pour “fortifier” son lait, elle doit tirer son lait et y ajouter le “fortifiant”. Les mères donnent ensuite ce lait maternel “fortifié” avec un biberon, ce qui continue de nuire à l’allaitement. En fait, la plupart des bébés nés prématurément en Amérique du Nord sortent de l’hôpital nourris au biberon.)
Quand un bébé naît avec un risque d’hypoglycémie, on va souvent forcer la mère à accepter que son bébé boive du lait artificiel au biberon.Cependant, il est prouvé que le colostrum est meilleur pour prévenir et traiter une glycémie basse que le lait artificiel. La plupart du temps, si la mère recevait de l’aide appropriée, l’allaitement (au sein) serait adéquat pour protéger le bébé d’une glycémie basse. Le bébé placé en peau-à-peau avec sa mère l’aide aussi à maintenir sa glycémie à un niveau sécuritaire.
Les mères dont le bébé a un ictère durant les premiers jours sont souvent forcées de donner des compléments de lait artificiel à leur bébé, ou même de stopper complètement l’allaitement car les professionnels de santé qui “l’aident” pensent que le lait maternel est responsable de la jaunisse. Ce n’est pas le cas. Ce qui cause un taux de bilirubine plus élevé que la moyenne pour la majorité des bébés de 2 ou 3 jours est le fait que le bébé ne boive pas suffisamment de lait maternel. Et la solution n’est généralement pas le lait artificiel, mais plutôt aider la mère à mieux allaiter et donner plus de lait maternel à son bébé. On peut aider la mère en lui enseignant à bien placer son bébé au sein et à savoir comment reconnaître les signes de transfert du lait (un bébé ne boit pas nécessairement du lait simplement parce qu’il a le sein dans la bouche et fait des mouvements de succion). On peut lui montrer comment faire la compression du sein afin de faciliter le transfert du lait à son bébé.
Video 4: Ce bébé de 3 jours tète très bien au sein, comme on le voit aux pauses que fait le menton. Mais il a perdu 10% de son poids de naissance et la mère est poussée à donner des compléments, conseils basés uniquement sur le poids. Ce n’est pas normal, en particulier car se baser sur le poids d’un bébé allaité n’est pas fiable, surtout si la mère a reçu des fluides par voie intraveineuse durant le travail et la naissance.
Durant les premiers jours, il peut être très facile d’améliorer un allaitement qui avait mal débuté, le mettre sur la bonne voie et même prévenir les problèmes. Malheureusement, trop peu de mères et leur bébé reçoivent cette aide. Et le pire dans tout cela, c’est la jaunisse du bébé diminue rapidement une fois que le bébé a reçu du lait artificiel, ce qui prouve aux médecins qu’ils avaient raison, que le lait maternel est la cause de la jaunisse, alors que la raison pour laquelle la jaunisse diminue est que le bébé boit à présent plus de lait. Cette diminution de la jaunisse aurait-elle pu avoir lieu si la mère avait été aidée à allaiter plus efficacement? Oui, mais il est rare que les mères soient aidées et le traitement par défaut est le lait artificiel donné au biberon. C’est si simple et si rapide de dire à la mère qu’elle doit donner du lait infantile à son bébé.
On dit aux mères dont le bébé a perdu 10% de son poids de naissance qu’elles doivent donner des compléments de lait artificiel au biberon. Mais cette notion de perte de poids de 10% n’est basé sur aucune donnée scientifique et a comme conséquence de nombreux bébés à qui l’on donne des compléments inutilement, ce qui dans beaucoup de cas entraîne un bébé nourri exclusivement au biberon. Encore une fois, aider les mères et leur bébé à allaiter peut améliorer la situation de manière significative. Les gens semblent parfois penser que nourrir un bébé correctement et allaiter au sein sont deux choses incompatibles. Le but d’aider les mères est de s’assurer que le bébé est correctement nourri en améliorant l’allaitement au sein. Les professionnels de santé doivent commencer à s’inquiéter des conséquences à long terme de leurs interventions, pas seulement apporter une solution facile comme semble l’être le lait artificiel. Plus d’informations sur pourquoi la perte de poids en pourcentage n’est pas significative, mais nuit à l’allaitement.
On dit aux mères que si leur bébé a une fente palatine elles ne pourront pas allaiter et que ça ne vaut même pas la peine d’essayer. Il est vrai que certains ne peuvent pas s’attacher au sein, mais d’autres y parviennent. Mais une chose est sûre, si l’on essaye pas, le bébé ne sera pas allaité. Le bébé dans cette vidéo a une fente au palais mou, et est allaité au sein. Il est bien attaché au sein et reçoit du lait.
Si le bébé naît avec une fente palatine, on dit à la mère que le bébé n’est pas capable de prendre le sein et qu’il ne vaut pas la peine même d’essayer. Il est vrai que beaucoup de bébé ne prendront pas le sein, mais il y en a qui peuvent.
On dit aux mères que si elles ont eu une chirurgie de réduction mammaire, elles ne pourront pas allaiter. Peut-être que la plupart ne pourront pas allaiter exclusivement, mais elles peuvent toujours allaiter avec le lait maternel correctement analysé d’une donneuse ou des compléments de lait artificiel. Et le bébé peut boire au sein, sans biberon, les compléments pouvant être donnés à l’aide d’un dispositif d’aide à l’allaitement. Donner des compléments tout en gardant le bébé au sein est important car non seulement le bébé continuera à obtenir du lait au sein tout en prenant le complément, mais aussi, très important, l’allaitement est bien plus que du lait maternel. C’est un contact, une relation intime entre deux personnes qui s’aiment très fort. La valeur de cette relation ne se mesure pas par la quantité de lait que la mère produit et il est important que les gens commencent à voir l’allaitement sous ses différentes formes.
Trop de femmes reçoivent le conseil d’arrêter l’allaitement temporairement ou définitivement lorsqu’elles doivent prendre un traitement médicamenteux. Ce n’est pas nécessaire à l’exception de très peu de traitements, généralement peu fréquemment utilisés, dont la plupart peuvent être remplacés par un traitement équivalent tout aussi efficace. Une grande majorité des médicaments ne passent pas dans le lait en quantités dangereuses pour le bébé, les quantités passant dans le lait étant infimes. Certains médicaments ne passent pas du tout dans le lait, et pourtant on dit quand même aux mères qu’il est préférable d’arrêter l’allaitement. Dans tous les cas, la vraie question à ce poser est: quel est le moins risqué pour l’enfant, l’allaiter avec une quantité de médicament infime dans le lait maternel (et les quantités sont presque toujours infimes), ou bien donner du lait artificiel? Étant donné les risques de ne pas allaiter, dans la grande majorité des cas, continuer d’allaiter est plus sécuritaire.Plus d’informations sur la prise de médicaments et l’allaitement.
Les juges qui traitent le droit de garde des enfants et le droit d’accès n’incluent pas les besoins d’allaitement du bébé ou du bambin dans leurs décisions, alors que le meilleur intérêt de l’enfant est le principe de base de ces cas juridiques. La mère et le père pourraient tous être arrangés de manière à passer du temps avec leur enfant si le juge réalisait que les bébés et bambins allaités sont différents des bébés et bambins nourris au biberon. Et les bambins allaités sont encore “plus différents” que les bébés. Que l’on soit d’accord ou non avec l’allaitement de bambins, le jeune enfant tire de la relation d’allaitement une sensation de sécurité et de confort, et bien sûr, d’amour, tout comme le bébé d’ailleurs. Comme nous l’avons dit plus haut, l’allaitement n’est pas juste une affaire de nutrition, et cette notion est encore étrangère à beaucoup de gens, y compris les juges. Pour un jeune enfant, être retiré du sein peut créer une grande détresse émotionnelle. Ce sera donc difficile pour la mère, mais aussi pour le père.
Dans plusieurs domaines, les services de protection de l’enfance sont un gros problème. Au lieu de recevoir de l’aide pour continuer à allaiter, ce que les mères entendent généralement est “arrêtez d’allaiter, donnez le biberon, ou on vous retire la garde de votre enfant”. Ces travailleurs ne comprennent tout simplement pas, ou refusent de comprendre, et ne réalisent pas qu’il est possible d’aider ces mères. Le cas le plus récent dont j’ai été témoin est celui d’un enfant de 6 mois qui ne prenait pas assez de poids. J’ai rencontré la mère et son bébé, et vu que la meilleure solution au problème était de donner de la nourriture solide à l’enfant et maintenir l’allaitement sur les deux seins à chaque repas (elle avait rencontré une consultante en lactation qui lui avait recommandé de donner un seul sein par tétée, ce qui est une mauvaise idée). Le bébé a commencé à prendre du poids rapidement, mais les services de protection de l’enfance n’étaient pas satisfaits. Ils demandaient à ce que la mère donne du lait artificiel, ce qu’elle ne fit pas. Ils lui ont donc quand même retiré la garde de son enfant, même si le bébé avait commencé à prendre du poids grâce à notre approche, car elle ne s’était pas pliée à leurs exigences.
Ces problèmes ne sont que quelques uns parmi des dizaines, où l’on dit aux mères d’arrêter l’allaitement, où on les y oblige même. Dans la plupart des cas, les problèmes auraient pu être évités en premier lieu, ou traités sans avoir à donner du lait artificiel ou à arrêter l’allaitement. Mais souvent les mères n’obtiennent pas l’aide dont elles ont besoin.
Je ne dis pas que l’allaitement marche toujours quoiqu’il arrive, même avec la meilleure des aides. Mais beaucoup de mères et leur bébé pourraient être dans des situations bien meilleures avec une aide appropriée.
Si je devais écrire toutes les situations dont j’entends parler chaque jour, situations où les mères n’ont pas le droit d’allaiter malgré leur choix éclairé de le faire, j’écrirais sans doute un document plus grand que La Guerre et la Paix. Même si je ne faisais que survoler les détails des problèmes mentionnés plus haut, cela remplirait un livre. Cependant, beaucoup de réponses peuvent être trouvées dans nos fichiers d’informations ou nos blogs.
Si vous avez besoin d’aide pour allaiter, prenez rendez-vous à notre clinique
Droits d’auteur: Jack Newman, MD, FRCPC, Andrea Polokova, 2017, 2018, 2020

Traduit par par L’Allaitement Tout Un Art (Marie Diaz)